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jeudi 12 janvier 2012


Une banlieue comme vous ne l’imaginez pas !

Marc Dubois

La banlieue parisienne n'est pas seulement ce que montrent les médias officiels. Ses habitants y travaillent comme ailleurs, et y vivent comme tout le monde.

 Elle est animée d'une réelle vie artistique à Saint-Denis et dans l'Agglomération correspondante. Les cinémas d'Arts et Essais offrent une programmation originale et organisent des festivals complétés par ceux des vidéastes amateurs. Les acteurs des Théâtres proposent des spectacles de rue, des concerts et des bals, et la création originale de pièces nouvelles et d'autres formes d'expressions diversifiées. Les guinguettes et la guinche revivent, en plus des fêtes des pompiers du Fort de la Briche, et parfois sous une programmation rajeunie, concurrençant depuis peu Paris Plage sur les bords de la Seine. Les artistes peintres et les plasticiens de notre époque exposent leurs travaux de toutes natures dans des galeries, qui acceptent également les formes populaires. Le livre est soutenu par des libraires courageux organisant de nombreuses rencontres avec des auteurs et invitant les lecteurs et les conteurs de toutes origines. La musique est représentée par les meilleurs créateurs contemporains, et leurs interprètes de tous types d'expressions et de tous niveaux. Les musées se montrent très actifs dans une zone très intense de prospection archéologique au sein d'une communauté parsemée de monuments historiques protégés ou de sites industriels témoins de la révolution industrielle, auxquels s'ajoutent des complexes sportifs, comme le déjà ancien Vélodrome et le moderne, bien fréquenté,  et internationalement connu Stade de France. Aux concerts à grand spectacle de celui-ci correspond une multitude d'évènements  plus intimistes.



 L'artisanat est nombreux et diversifiée: citons le saumonier, le boulanger de tradition, les chocolatiers, le pâtissier meilleur ouvrier de France, le sommelier avec une véritable cave à vins, le faïencier proche de l'atelier de poterie à l’ancienne...Tout ceci est complété par le grand marché trois fois par semaine, les mardi, vendredi, et  dimanche, autour d'une Halle rénovée et tournant à l'énergie solaire, par plusieurs grandes braderies, et quelques foires au printemps et à Noël, tout ceci autour de la Mairie, comme par une seconde Halle plus proche du périphérique et petit marché du samedi . Une mini-brocante hebdomadaire (du jeudi) a pour écho les annuels vide-greniers de quartiers, sans concurrencer les célèbres et très fréquentées Puces de Saint-Ouen.

La banlieue n'est pas seulement une classique image non verdoyante. Les Parcs y abritent une faune et une flore peu connues qui ont donné lieu à une reconnaissance officielle d'une biodiversité originale : les tulipes fêtées annuellement au printemps dans la partie publique du Parc de la Légion d'Honneur, au sein d'une institution prestigieuse; le mythique lièvre dont un terrier aboutirait dans le jardin intérieur de la Bourse du Travail, haut lieu de réunion et de convivialité; l'intrépide rouge-gorge ceint de son écharpe aux couleurs modernes de la ville,  et qui niche à terre face à tous les chats domestiques et sauvages; les renards qui pullulent dans le Parc de la Courneuve. Celui-ci, en plus de sa héronnière voyant cohabiter pacifiquement  hérons  et cormorans, et ses oiseaux d'eau de lacs artificiels, présente dans sa partie dionysienne un jardin rousseauiste  emblème de  la flore abondante de ces parcs. En son sommet se révèle un des meilleurs panoramiques de la région. Des jardins ouvriers subsistent, sinon un maraîcher. Des sacs de légumes biologiques sont ainsi adressés aux passionnés bien organisés, en plus de ceux provenant d'agriculteurs un peu plus éloignés, mais motivant aujourd'hui une nouvelle forme d'échanges associatifs sur ce thème.

 Quant au Sport, il ne se regarde pas seulement au Grand Stade, en soulevant des holà qui forcent l'admiration dans le monde entier pour un public coloré et chaleureux, il se pratique. En Water - Polo, l'équipe féminine a même fréquenté le niveau national. Les appareils de musculation commencent à essaimer les espaces de loisirs. Les clubs se remarquent nombreux: de la marche à pied en randonnées, aux judokas et basketteurs, sinon à la cyber-base, et dans les  technologies les plus modernes.

On peut flasher sur le projet de Luc Besson, réalisateur internationalement reconnu et entrepreneur exemplaire de la Cité du Cinéma 2012. La ville de Saint-Denis se matérialise aujourd'hui dans un vaste chantier construisant ou agrandissant trois tramways devant créer un carrefour de circulation et d'échanges au nord de Paris, prolongeant plusieurs lignes de métros après l'arrivée de deux lignes de RER. Elle a entrepris un vaste programme de construction de logements, dans la logique de sa tradition urbaniste reconnue par ses lignes et son esthétique, datant d'après 1945. Déjà le complexe commercial du Millénaire marque sa première fin d'année.

 Vive la banlieue.  Au delà du traditionnel métro, boulot, dodo, notons les efforts de ceux qui s'y investissent et qui y croient. Ils participent avec un gigantesque bon vouloir à de très nombreuses activités bénévoles, en particulier à la démocratie participative citadine au sein de nombreux comités actifs le soir ou le samedi, toujours rondement menés  au cours d'un travail à chaque fois de plusieurs heures,  tout en présentant souvent les caractéristiques d'une sobriété face à  l'effort toute communarde. Mais ne croyez pas qu'elle soit le territoire d'une perpétuelle guerre civile. Certes Saint-Denis et les villes voisines constituent un sérieux réservoir de manifestants haut en couleur et de contestataires, mais  la politique y navigue parmi toutes les bonnes idéologies entre gentlemen.


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