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samedi 10 mars 2012


Le Funk : Panorama Général

Vincent Turban

Au dix-septième siècle, le mot funk signifiait fétide ou puant. Au vingtième siècle, dans le milieu des musiciens de jazz et des noirs américains, heureusement, on lui a donné un petit coup de pouce pour le rendre positif, et accentuer ce parfum si particulier associé au sexe.
Dans les années 50,60 et 70, chez les afro américains, il était connoté à la puissance de l’érotisme et au désir sexuel.
Cet article va se diviser en trois parties :  
1-Les fondations de la musique funk(1964-1970)
2-La fièvre funky (1970-1979)
3-L’héritage actuel (1979 à nos jours)
1-les fondations de la musique funk(1964-1970)
Au commencement, les fondations du funk vont être mises en place en la personne du « Soul Brother Number One » : James Brown. En effet, en mélangeant le R&B, la soul, le gospel, le jazz et le rock, il va créer l’une des musiques les plus représentatives de la communauté afro-américaine. En 1965 « Cold Sweat »marque l’avènement de la musique funky. James Brown va inventer la fameuse formule rythmique « the one », basé sur l’accentuation du premier temps.
Cette structure musicale permet de mettre en avant la basse et la batterie.
A cette époque, le funk est la musique porte-parole de la révolte et des revendications des Black Panthers. 1968 marque l’apogée du mouvement Black Power, Brown s’en fait le porte-étendard en déclarant « Say it loud, i’m black and i’m proud » (dis-le fort, je suis noir et j’en suis fier).
James Brown - Soul Train
Au même moment, un DJ  de San Francisco du nom de Sly Stone commence à faire parler de lui avec sa Family Stone.  Ayant beaucoup travaillé avec des groupes de rock psychédélique comme Jefferson Airplane, Sylvester Stewart eut l’idée géniale de combiner rock psychédélique et R&B. Le résultat donnera Sly & The Family Stone, joyeuse tribu multiraciale qui changera à jamais le paysage musical
En dessinant les prémices du funk moderne et du disco avant l’heure, grâce aux talents de ses musiciens, notamment le bassiste Larry Graham qui inventa le slapping, consistant à frapper les cordes avec le pouce. Dès lors, un nombre impressionnant d’artistes vont s’engouffrer dans la spirale funk et vont reprendre les idées lancées par James et Sly.

2-La fièvre funky (1970-1979)
En effet, au début des années 70, apparait tout un éventail de styles et de labels en provenance des quatre coins des Etats-Unis, qui vont définir les différents sons du funk.
Les Commodores - Machine Gun 1974
D’abord, la technologie va marquer le pas pour moderniser le son, grâce à différents instruments comme la pédale wah-wah, le Clavinet, le synthétiseur Moog. On assiste par ailleurs à l’explosion des « bass heroes » comme William Bootsy Collins, Billy Bass Nelson, Robert Kool Bell etc.…
Abordons à présent les principales composantes de ce genre musical :
- New-York: ambiance urbaine, basse très lourde (Fatback Band, Jimmy Castor Bunch)
- Atlanta : inspiré par les JB’s (orchestre de James Brown
- New-Orléans : inspiré par la musique cajun, rythme très syncopé(meters, Neville Brothers)
-Chicago: ambiance urbaine, rythme lourd (Curtis Mayfield, Boscoe)
-P-funk : forte accentuation du premier temps (Parliament-Funkadelic)
-le style West Coast: ambiance cool, rythme soutenu (Tower Of Power)
-Stax Memphis : influencé par le blues, le R&B (Bar-Kays, Round Robin Monopoly)
-le Philly Sound : prédominance de la batterie, grand orchestre de cordes utilisées comme cuivre(Mfsb)
-Latino Funk : influences latines (Cuba,Panama),accentuation des percussions(Mandrill, Willie Bobo)
-Funky-jazz : influences du jazz combinées à la pulse rythmique du funk (Kool & The Gang, Ripple)
-Gogo : originaire de Washington, style le plus brut du funk (Soul Searchers, Young  Senators)
Au milieu des 70’s, le disco apparait grâce à deux producteurs de Philadelphie, Gamble & Huff.
Le funk commence à perdre du terrain au sein de la Communauté et s’essouffle progressivement.
Le synthétiseur portera le coup de grâce aux héritiers du son original. La fièvre funky s’arrête.
3-L’héritage actuel (1979 à nos jours)
Avec l’arrivée du Rap en 1979, le funk retrouve un second souffle, notamment à cause du sampling effectué par les Dj (voir Public Enemy la plupart des mélodies sont des morceaux de James Brown).
Dans les années 90, la « funky attitude » revient en force avec l’avènement du mouvement Acid-Jazz qui remet au gout du jour les orchestrations avec de vrais instruments combiné avec le débit verbal du hip hop.
Des groupes comme Brand New Heavies ou Jamiroquai continuent à perpétrer l’esprit funky ainsi que la chanteuse disparue en Juillet dernier Amy Winehouse, n’oublions pas les groupes Sugarman Three ou Sharon Jones & The Dapps.
Aujourd’hui, le funk est toujours aussi respecté dans le monde de la musique et reste l’une des valeurs sures de la musique afro-américaine.






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