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vendredi 11 mai 2012


DES DOULEURS AUX GENOUX OU LE COMPTE-RENDU

D’UNE SOIRÉE AVEC PRIMUS

Etienne Rose

Le mardi 27 Mars 2012 au Zénith de Paris se déroulait le concert de Primus, groupe de fusion réputé pour son groove et sa bizarrerie. L’occasion de découvrir un des groupes les plus originaux et singuliers de la scène rock des années 90.   



Arrivé sur les coups de 19h55 sur le parvis du Parc de la Villette, la première chose dont je me rends compte est le développement des services à la sauvette. Terminé la simple revente de places ; aujourd’hui on vous vend aussi des sandwiches, des posters et même des bières fraîches transportées en cabas. La foule se densifie au fur et à mesure que l’on s’approche du Zénith. Une fois à l’intérieur résonne une sorte de valse burlesque typique des interludes du groupe. À peine le temps de s’acheter un t-shirt que l’intro de « To Defy The Laws Of Tradition » retentit depuis la salle. Merde, y’as pas de première partie !  Je me rue à l’intérieur et me retrouve face à deux astronautes géants et gonflables dont les visages circonspects scrutent l’audience avec attention.  Entre les deux colosses, un écran géant diffuse des vidéos en adéquation avec les titres interprétés, et aux pieds de tout ce décorum se trouve le groupe ; composé du leader bassiste/chanteur Les Claypool, le guitariste Larry Lalonde et le batteur revenant Jay Lane.

D’emblée, les natifs de San Francisco se lancent dans une digression psychédélique qui donne le ton du concert : Ce soir, Primus est d’humeur expérimentale, ce qui peut s’avérer déconcertant pour le public venu les voir. Public qui, il faut bien l’avouer, n’est pas très dynamique en ce début de concert. Beaucoup de trentenaires rendus trop vieux pour les pogos composent le public, et il faudra attendre « Wynona’s Big Brown Beaver » et son country-funk endiablé pour que l’audience se réveille enfin.



Les choses s’accélèrent alors avec l’arrivée de la contrebasse (car Les Claypool est largement multi-instrumentiste) et du masque de cochon annonçant « Mr Krinkle », soit l’un des morceaux les plus lugubres et barrés jamais écrit par le groupe, et auquel la foule répondra de manière enthousiaste. Aussi les californiens enverrons dans la foulée un « Harold Of The Rocks » d’anthologie…Avant de quitter la scène après juste une heure de concert. Ce qui est franchement court.



Alors que l’on est en droit de se demander si tout ça ne sent pas un peu l’arnaque, commence à  s’afficher sur l’écran géant des cartoons de Popeye en noir et blanc. Ouf, c’est juste un entracte!!  Le public se prend au jeu et bientôt ce sont des clameurs d’encouragement qui s’élèvent pour soutenir l’irascible marin dans ses aventures.

Après quatre épisodes, le groupe revient pour entamer « Prelude For A Crawl » puis « Hennepin Crawler ». Ah d’accord, nous voilà donc partis pour « Green Naugahyde », et en intégralité s’il vous plai t! Le dernier album en date, sorti en septembre 2011 avec plus de 10 ans d’écart sur son prédécesseur « Antipop », se révélait être à l’écoute plus calme que le reste de la discographie ; or vu que le show de ce soir est placé sous le signe de l’expérimentation, son interprétation se montre plutôt bienvenue. Entre reggae nerveux (le mélancolique « Last Salmon Man »), tornade psychédélique (l’hypnotique « Eye Of The Squirrel ») et contrebasse imitant le chant des baleines (« Jilly’s On Smack »), Primus montre que le temps n’a pas eu d’emprise sur sa musique, qu’il reste le seul groupe capable d’associer funk, métal et rock progresso-psychédélique pour en faire des tubes.

Après l’outro  « Salmon Men », le groupe s’éclipse de nouveau, en attendant le rappel. À leur retour, Les Claypool annonce de suite la couleur : « Bon voilà, on a interprété Green Naugahyde, donc maintenant on va jouer deux morceaux de plus avant de foutre le camp d’ici ». Oui d’accord, mais quels morceaux ? « My Name Is Mud » ? Ok, ça va être le bordel. La fosse réagit au quart de tour sous les slaps overdrivés de Les sur sa basse à six cordes. Il devient dangereux d’approcher la scène, tant les vieux fans attendaient une vraie bonne raison de lancer des pogos comme à la belle époque. Comme si cela ne suffisait pas, le groupe enfonce le clou avec « Jerry Was A Race Car Driver » qui achèvera de laisser le public sur les rotules.

Bilan : Ce fut un concert plus axé sur l’expérimentation que sur l’efficacité, mais vu que le set se concentrait plus sur le dernier album qu’autre chose, ce n’est pas étonnant. Personnellement je regrette l’impasse sur certains titres (comment ça pas de « Tommy The Cat » ? Et pas de « Frizzle Fry » non plus ?) ; Mais ce fut en tout cas un plaisir de revoir sur scène l’un des derniers groupes qui peut réellement se targuer d’être original dans le microcosme musical actuel.





Setlist :
-Classical Intro
-To Defy The Laws Of Tradition
-Golden Boy
-American Life
-Wynona’s Big Brown Beaver
-Over The Falls
-Seas Of Cheese
-Mr Krinkle
-Harold Of The Rocks
-Interlude (Popeye’s Cartoons)
-Prelude To A Crawl
-Hennepin Crawler
-Last Salmon Man
-Eternal Consumption Engine
-Tragedy’s A’ Comin’
-Eye Of The Squirrel
-Jilly’s On Smack
-Lee Van Cleef
-Moron TV
-Green Ranger
-HOINFODAMAN
-Extinction Burst
-Salmon Men
Rappel :
-My Name Is Mud
-Jerry Was A Race Car Driver


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